Le 9 mai à Paris : un rendez-vous de l’extrême droite radicale depuis 1994

Alors que cela fera vingt ans que le militant de l’Œuvre française Sébastien Deyzieu a trouvé la mort, le petit milieu de l’extrême droite radicale s’est contenté du service minimum, avec une (courte) marche aux flambeaux au départ de Port-Royal et un concert de Lemovice, probablement chez Logan, au Crabe-Tambour. Difficile d’évaluer le nombre de participants, mais le GUD Lyon a promis de faire le déplacement…

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Manifestation du 9 mai 1994, regroupant le GUD et d’autres groupuscules nationalistes, dont les JNR d’Ayoub.

En 1994, pour protester contre le cinquantième anniversaire du débarquement en Normandie, l’extrême droite radicale (dont le GUD et les JNR de Serge « Batskin » Ayoub) décide d’organiser un rassemblement le 7 mai 1994, la fin de la présence nazie en France et en Europe signifiant pour elle le début de la « véritable occupation » (sic). Le rassemblement n’est pas autorisé mais les nationalistes se rendent néanmoins sur le lieu prévu : des affrontements ont lieu avec la police, obligeant les militants nationalistes à quitter la place. L’un d’eux, Sébastien Deyzieu, militant à l’Œuvre Française, se réfugie dans un immeuble rue des Chartreux (situé à plus de 800 mètres du lieu de la manifestation) et trouve la mort dans des conditions inexpliquées, en tombant du toit de l’immeuble. Hospitalisé, il meurt le 9 mai.

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Minute, 25 mai 1994 : les élus FN défilent aux côtés de l’extrême droite radicale.

La mort tragique de ce jeune homme est alors récupérée par le GUD, les JNR, le FNJ (Front National de la Jeunesse) et l’Œuvre Française qui forment le Comité du 9 mai. Depuis, cette date est devenu l’occasion pour tous les mouvements d’extrême droite de manifester en pleine rue (sans aucune autorisation les premières années) sous la forme d’une retraite aux flambeaux avec drapeaux à croix celtique et saluts fascistes comme en 2003, quand les organisateurs sont les Jeunesses Identitaires. En 2007, les militants d’extrême droite décidaient d’associer à leur commémoration un hommage à Julien Quemener, supporter du PSG tué en décembre 2006 lors du match PSG/Tel-Aviv, espérant ainsi recevoir le renfort d’une partie des « durs » de la tribune Boulogne.

Le 9 mai est devenu les années suivantes un prétexte que se donne l’extrême droite radicale pour défiler en toute tranquillité dans les rues de Paris avec drapeaux et insignes fascistes... En 2010, C’est Serge Ayoub et l’Œuvre Française qui organisent les « festivités », sans manifestation publique, mais avec concert (business oblige...).

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Manifestation de 2010

Depuis qu’il est revenu en France, Serge Ayoub a en effet un pied dans le milieu biker, un autre dans la politique (prise de contacts avec Alain Soral et son club Egalité & Réconciliation, les Identitaires, le Renouveau Français et le milieu skin d’extrême droite). Son bar « Le Local » est devenu le lieu de rencontre sur Paris d’une bonne partie de la jeunesse radicale d’extrême droite mais également des skins d’extrême droite de passage sur Paris. En charge des derniers "9 mai", Ayoub en a changé assez radicalement la nature : d’abord en cessant de défiler le jour même, mais le week-end autour de cette date (en marchant ainsi sur les plates-bandes de l’Action française qui défilent traditionnellement pour Jeanne d’Arc le deuxième week-end de mai) ; ensuite en changeant de lieu (alors que la manifestation avait lieu à proximité du lieu du drame, Ayoub l’a déplacée de l’autre côté de la Seine, une fois encore pour coller aux basques de l’AF) ; enfin en finissant par reléguer l’hommage à Sébastien Deyzieu au second plan (les relations entre Ayoub et l’Oeuvre française devenant plus que tendues, on imagine les grincements de dents de l’OF devant la récupération de leur martyr). Pour des comptes rendus détaillés autour de cette date, vous pouvez aller sur le site antifascistes REFLEXes pour les dernières années : 2010, 2011, 2012 et 2013.

À noter que depuis 2003, les antifascistes n’ont pas été en reste et ont organisé plusieurs contre-manifestations.