Ce texte, publié sur le blog antifasciste Brasiers et Cerisiers, interroge notre rapport aux croyant.e.s et à la croyance. L’occasion pour nous de questionner et remettre en perspective notre réflexion, notre critique et notre agir antifasciste.

Quel rapport avoir, quand on est anarchiste ou même plus généralement une-e militant-e anticapitaliste athée, aux croyants et la croyance dans un contexte où la lutte contre l’obscurantisme et la critique des religions est instrumentalisée ? Par exemple, la laïcité est régulièrement brandie pour défendre des propos, lois ou comportements islamophobes. Les réactionnaires, l’extrême-droite, s’inventent une « laïcité » (et/ou une « défense des droits des femmes » ou encore de « défense animale ») qui revient pour eux à dire « pas d’élément pour nous rappeler que l’islam est présent sur le territoire français » : Pas de voile dans les écoles (y compris pour les mères d’élèves en sortie scolaire), pas de mosquée dans telle ville, pas de viande hallal dans tel supermarché ou fast-food. C’est la négation et l’invisibilisation de l’existence de français-es et résident-es étranger-es de confession ou de culture musulmane, et une façon de leur dire « vous n’êtes pas chez vous ici ». Et au final, ça n’est pas tant une question religieuse puisque les mêmes discours se prononcent également dans un méli-mélo (loin de la laïcité) : contre les « youyous dans les mairies » et les drapeaux étrangers lors de mariages, dans les manifestations, lors de victoires électorales ou encore contre l’apprentissage à des élèves d’une comptine en arabe issue du Film Azur et Asmar . C’est du racisme. C’est du rejet. C’est la perpétuation du rapport colonial de domination du blanc européen. Ca n’a rien à voir avec la lutte contre l’obscurantisme et les dominations issues de telle ou telle croyance. C’est aussi résumer les musulman-es uniquement à leur religion, comme si leurs rapport au monde et aux autres ne dépendaient que de ça.