Vienne (Isère)Cartographies des extrêmes droites du Pays Viennois

En souvenir de Daniel Llacer, militant des Jeunesses Communistes de Vienne, assassiné par un fasciste le 19 Septembre 1936.

La sous-préfecture de Vienne devient un marigot d’extrême droite ...

Vienne est une ancienne ville ouvrière. Structurée par un mouvement ouvrier et syndical. Pour rappel Louise Michel y est passée en 1890 et a appelée à un 1er Mai insurrectionnel. Ce fut aussi une ville socialiste, de Lucien Hussel qui refusa de voter les pleins pouvoirs à P. Pétain à Louis Mermaz ministre d’un gouvernement socialiste. Aujourd’hui la droite et l’extrême droite ont braqué ce territoire.

Une honte !

Certes Vienne n’est pas la circonscription. Les communes environnantes sont ce qu’on pourrait communément appeler la « banlieue » de Lyon.
Un « grand remplacement » s’est réellement opéré dans la population, lié à l’exode urbain Lyonnais depuis vingt ans et à la périurbanisation.

L’extrême droite a différentes présences. Elle s’exprime à travers plusieurs partis politiques, mais s’appuie aussi sur des réseaux beaucoup moins visibles, comme les catholiques intégristes.

Analyser la présence des extrême-droites, c’est aussi un moyen de les combattre.

Une cartographie a été réalisée pour une meilleure compréhension spatiale de notre propos.
Légendée en cela par les logos des organisations clefs et les photos des personnalités politiques dont nous parlons. Des numéros (exemple 11) servent de repères visibles sur la cartographie.

LA MARQUE FN/RN

Le FN/RN est un parti qui passe son temps à perdre régulièrement et massivement adhérents et militants. Un exemple local : pour mener la liste municipale à Vienne, il faut 35 candidats. En 2014, elle était conduite par Norman Méchin. En 2022 la tête de liste était Adrien Rubagotti (1). La liste a ainsi connu un fort renouvellement de 80 %. En plus, pour boucler la liste, on recrute directement dans la famille : 2 Rubagotti (Adrien et Adrée), 2 Villechalane (Andréa et Belinda), 2 Moussier (Chantal et Jean-Paul), 2 Fischer (Alan et Romain) !
Même les têtes de liste désertent le FN/RN : N. Méchin a rallié un petit parti d’extrême droite, le SIEL1 , et A. Rubagotti a rejoint Identité et Libertés ex-RN, ex-Reconquête.
Malgré cela le FN/RN gagne des électeurs.

Au FN/RN, peu importe le candidat

Benoit Auguste, militant lyonnais du RN, est tête de liste aux régionales dans l’Allier en 2023. Elu comme conseiller régional, il se présente à Vienne en 2022. Suite à l’alliance avec Ciotti, il glisse sur la 7ème circonscription de l’Isère, celle de la Côte-Saint-André en 2024. Hanane Mansouri [1] qui le remplace est une inconnue à Vienne. Elle est pourtant élue députée. La morale de l’histoire : des candidats interchangeables, sans implantation durable. Le FN/RN est une marque déposée. Quel que soit le candidat, on ramasse des voix à la pelle ! Ainsi, en 2022, sûr de son ancrage local et de son expérience (responsable départemental RN du Jura en 2015, conseiller régional de l’Allier en 2016, puis directeur de l’ISSEP à Lyon 2 tout en étant en plus responsable départemental RN de l’Isère), Thibaut Monnier se présente aux législatives. Et là, fiasco total : il obtient 4,23 % des voix. Que s’est-il passé ? En 2020, il a rejoint Reconquête. Ce n’est pas son charisme personnel qui lui avait assuré son résultat de 2017, mais l’estampille RN.

L’EFFONDREMENT DE RECONQUÊTE

Lors de la création de Reconquête, en 2021, l’enthousiasme était là : des militants des Républicains éperdus, du Rassemblement National qui étaient convaincus d’une nouvelle défaite inéluctable de leur cheffe, des suppôts de De Villiers qui voulaient sauver la France, des cathos revanchards qui espéraient le retour de la Chrétienté et l’euphorie exubérante de Cnews devaient convaincre le peuple de se choisir un nouveau César. Et bing, 7 % à la présidentielle de 2021, 4,2 % aux législatives de 2022 et une quasi-disparition aux législatives de 2024 (0,75%). Dans le cadre des accords entre le FN/RN et les amis de Marion Maréchal, T. Monnier est devenu député de la 4ème circonscription de la Drôme. Ayant quitté Reconquête, il est désormais adhérent d’Identité-Libertés le pseudo parti de Maréchal.
Ses amis viennois hésitent. Encore un nouveau parti ? Rubaggotti est devenu pendant six mois collaborateur parlementaire d’Hanane Mansouri, avant de se faire remplacer. On sent les militants déboussolés...

D’AUTRES PARTIS D’EXTRÊME-DROITE CONFIDENTIELS

Les Patriotes (des militants du FN qui ont suivi Florian Philippot, le vice-président du FN, lors de sa rupture avec Marine le Pen en 2017) ont présenté un candidat aux législatives en 2022 : Jean-Louis Goujon (1,62% des voix). Voulant quitter l’Union européenne comme l’ont fait les Britanniques, ce parti milite essentiellement pour le « Frexit ». Les militants tentent vainement d’exister ; ils ont trouvé un peu d’entrain en s’associant aux anti-vax, ou bien en se greffant sur les mobilisations paysannes. L’ Union Populaire Républicaine est dirigée par François Asselineau. Ce parti se présente comme « souverainiste », très anti-américain et surtout très ouvert aux thèses conspirationnistes. En 2017, Véronique Barrow était candidate aux législatives (1,10%). Elle est encore candidate aux européennes en 2024 (0,96 % en Isère). Groupe politique qui ne se présente plus aux élections, l’Action Française apparaît ponctuellement sur la ville. Quelques autocollants, une vente de leur journal devant l’église de Pipet, quelques posts sur les réseaux et une réunion clandestine dans un appartement privé.

Notes

[1Hanane Mansouri en lutte contre l’extrême gauche violente. Hanane Mansouri a été une des cheffes du syndicat étudiant d’extrême-droite UNI à Grenoble. Ce syndicat créé en 1969, a été fondé par le Service d’Action Civique, le service d’ordre du parti gaulliste.Toujours financé par les Républicains, l’UNI s’associe souvent au GUD (Groupe d’Union Défense, organisation fasciste), ou aux militants du FN/RN. Mansouri commence sa petite carrière politique chez Les Républicains. À partir de 2019, elle gravite autour de plusieurs collectivités locales et touche de l’argent public comme chargée de mission auprès de la région Auvergne Rhône-Alpes. Elle est embauchée au département de l’Isère comme collaboratrice du groupe de droite. Elle repique ensuite comme chargée de mission auprès de la région Auvergne Rhône-Alpes et devient enfin assistante parlementaire auprès d’une sénatrice des Pyrénées-Orientales. Quand Ciotti lui propose un siège de député, elle se contorsionne autour d’une argumentation bidon : « Il y a une menace de l’extrême-gauche ultra-violente et communautariste » qui met la France en danger. On cache la maigreur de l’analyse politique sous un brassage médiatique et elle plastronne alors dans une émission d’Hanouna sur Europe 1. Son suppléant, Antoine Sauzeau, étudiant, est aussi militant de l’UNI à Grenoble. Pour mener sa campagne, elle s’est appuyée sur les militants de l’UNI Grenoble et Lyon. Adrien Rubagotti (ex-FN/RN, ex-Reconquête, encarté aujourd’hui à Identité & Libertés) lui a servi d’entremetteur car elle était complètement étrangère à la circonscription. Devenue députée, elle organise un rassemblement à Vienne, devant le palais de justice. Devant l’échec de son rassemblement (une vingtaine de personnes), elle pleurniche comme d’habitude et envoie ses sbires dénoncer violemment ses opposants sur les réseaux sociaux. Devenue responsable de l’UDR (le parti de Ciotti – l’Union des Droites pour la République) dans l’Isère, elle est aussi secrétaire générale du parti à l’échelle nationale et porte-parole du groupe à l’Assemblée nationale. Pour exister au parlement, elle accuse en permanence des députés de gauche de mensonges. Du coup, ça buzz, et quand ça buzz Mansouri est contente.