infographie5e édition de notre carte de l’implantation de l’extrême droite, des groupes radicaux au RN
Alors que des organes de la presse bourgeoise (Libé) et indépendante (Streetpress) proposent, chacun à leur façon, des cartes des groupes d’extrême droite, reprenant ce que nous avions commencé à faire dès 2022, nous avons réfléchi à ce qu’une nouvelle version de la nôtre pourrait apporter. Nous avons garder l’idée d’un document qui puisse être imprimé et partagé facilement, mais en proposant deux cartes distinctes : d’une part les groupes radicaux locaux et d’autre part le RN et les autres partis ou personnalités d’extrême droite institutionnelle. Le but n’est pas de viser l’exhaustivité, mais au contraire de proposer une sélection afin de permettre une vision la plus claire possible sur la situation présente.
Chaque révision de notre carte de l’implantation locale des mouvement d’extrême droite est l’occasion de collectivement questionner notre apport à la compréhension et à la lutte antifasciste. En effet, il y a désormais dans les médias pléthore d’infographies pour dresser un panorama des groupuscules nationalistes de France. Notre objectif est de prendre un instantané de la situation à un moment donné, en essayant de coller au plus près de la place réelle occupée par ces groupes dans le paysage politique de chaque région. Il ne vise pas un recensement exhaustif de ces mouvements, qui certes se multiplient mais souvent disparaissent aussi vite qu’ils sont apparus. On prend soin d’écarter les coquilles vides ou inactives, et d’intégrer ceux qui ont une activité réelle de terrain, même si la frontière est parfois ténue, tant une bonne partie de leurs actions sont pensées pour les médias et les réseaux sociaux, qui offrent un effet loupe.
Aussi, à rebours du discours de certains médias, nous pensons qu’actuellement la frange radicale de l’extrême droite est à la peine et marque le pas. La vague de dissolutions ne les a certes pas faits disparaître, mais elle les a désorganisés, et il n’existe plus guère de structure présente à l’échelle hexagonale en capacité d’impulser des thèmes et des campagnes grâce à leurs seules forces militantes : seul l’Action française, jusqu’à présent épargné par la répression, peut encore prétendre être un mouvement national. La disparition de certaines franchises « patrimoniales » comme le Gud est également synonyme de cette perte de surface médiatique.
On comprend donc que certains cercles parmi les plus visibles comme le collectif Némésis ont construit leur stratégie dans une dépendance absolue à la reprise médiatique. Des groupes qui, à gros traits, n’existent que s’iels prennent des baffes sous les caméras. Nous constatons une archipellisation des groupes qui se donnent des coups de main de proche en proche, mais réagissent désormais à des paniques morales qu’ils ne sont plus en mesure d’impulser. Et on observe de petites chefferies quasi féodales se mettre en place sur le modèle « Je préfère être le premier homme ici que le second dans Rome ».
Soulignons que cette relative perte de vitesse n’est pas forcément une bonne nouvelle en soi, car à défaut de militantisme classique (campagnes d’affichage, stickers, diff de tracts, conférences, etc.), il reste toujours à ces bandes la violence de rue pour exister. Une violence grandissante rendue possible par la brutalisation générale de la société. Et si l’implantation locale de extrême droite radicale perd de la vitesse, c’est peut-être aussi et surtout parce que sa radicalité discursive a largement infusé dans les sphères politiques institutionnelles. Sur les questions sécuritaire et d’immigration par exemple leur propos est parfois à peine discernable de certains partis de droite extrême et d’extrême droite avec des élu.e.s aux affaires. La banalisation de thèmes clivants il y a une ou deux décennies rappelle que l’extrême droite est une grande famille et qu’il nous faut la tenir à l’œil dans son entièreté.
La Horde

